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Algérie: Le 18 Avril, l’inertie et l’incertitude ou le déblocage

April 12, 2014 1 comment

Peu importe celui qui gagne les élections, le 18 Avril et tous les jours et les mois après cette date constitueront une période et des moments difficiles pour l’Algérie. Peu importe le vainqueur des élections, il sera un président faible et un président très mal élu. Peu importe le vainqueur, il n’aura pas un mandat populaire. Peu importe qui sera président le 18, il devra faire face à une population très hostile, n’aura aucune lune-de-miel, et ne bénéficiera pas de la confiance de la majorité de la population. En fait et pour être clair, quels que soient les résultats des élections, il n’y aura pas de gagnant le 18 Avril.
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Si Bouteflika gagne, le pays sera plongé dans un autre cycle prolongé de protestations et de contestations. Tous ces mouvements ne disparaîtront pas du jour au lendemain juste parce que Bouteflika est réélu pour un autre terme. En fait, le 4e mandat de Bouteflika sera le mandat de tous les dangers pour le pays. Jamais, depuis 1962 l’avenir de l’Algérie a été aussi incertain. Sur le plan économique, la fenêtre d’opportunité pour engager des réformes très significatives, très nécessaires et très difficiles se referme rapidement, et le temps, dont nous n’en avons pas beaucoup, nous échappe furtivement. Socialement, je peux entendre d’ici à des milliers de miles de l’Algérie le déchirement du tissu social. Ethniquement, notre fragmentation ethnique n’a jamais été aussi élevée et aussi aiguë. Tous ces éléments feront l’élaboration des politiques de reformes et leur mise en œuvre extrêmement difficile, si ce n’est impossible.

Par ailleurs, si Bouteflika gagne, les militaires et les services de renseignement devront se mettre rapidement a la tache pour trouver un autre candidat pour remplacer le mourant qui vient d’être élu. Car il faut être honnête, Bouteflika ne survivra pas son 4e mandat, et de nouvelle élections présidentielles seront dans notre proche avenir, donc une nouvelle période d’incertitude, une nouvelle période de tractation, une nouvelle période de tension et de guéguerre et de conflits internes entre les différents clans de l’armée et de la voyoucratie feront parties de notre quotidien encore une fois.

Un 4e mandat de Bouteflika plongera également le pays dans une paralysie totale et bloquera toutes les réformes qui sont vitales et cruciales pour l’avenir du pays car un président mal élu qui ne bénéficie pas de l’appui, du support et de la confiance de son peuple ne peut pas être un président réformateur, mais sera un président qui régnera sur la lente et progressive décadence d’une nation qui est déjà dans un état prononcée d’une rigor mortis.

Un 4e mandat de Bouteflika conduira à une plus grande polarisation sociale, ethnique et politique entre l’élite dirigeante du pays et le peuple. A toutes fins utiles, ce 4e mandat de Bouteflika sera le mandat de trop, la goutte qui fera débordée le vase Algérien, et seul Dieu sait ce qui pourrait arriver par la suite.

Que diriez-vous d’une élection de Benflis? Eh bien, si Benflis est élu, il sera un président minoritaire à coup sûr. Il sera mal élu aussi. Mais il bénéficiera d’un très court laps de confiance et de support populaire. C’est à lui, s’il était élu, de cultiver cette naissante confiance, et de gagner le cœur et l’amé du peuple Algérien.Vous me demandez, comment peut-il le faire? Eh bien, ce sera à lui et à lui seul d’agir. Tous ses actes seront examinés. Tous ses mouvements seront de près surveillés  et analyses par la population. Toutes ses erreurs et faux pas seront aussi exploités par ses ennemis. Si Benflis est élu, il aura très peu d’espace pour manœuvrer, et son avenir ainsi que l’avenir de l’Algérie dépendra de ses premières actions et de ses premières initiatives.

S’il appellerait à un gouvernement d’unité nationale ou un gouvernement des forces vives du pays; s’il prévoirait une période de transition pour rédiger une nouvelle constitution inclusive et véritablement démocratique; s’il étendrait sa main à l’aile laïc ainsi que l’aile islamiste; s‘il regarderait le peuple Algérien dans les yeux et nous dirait Je ne peux vous promettre que du sang, des larmes, et du travail acharné, et rien d’autre,” là, uniquement là, Benflis pourrait réussir. Sinon, je n’ose même pas imaginer le scénario alternatif car seul un soulèvement sanglant et coûteux serait notre salut.