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Algeria: Réinventer la Politique et la Citoyenneté en Algérie

Pour être en mesure de trouver une solution ou un moyen pour sortir de cette crise que l’Algérie est en train de traverser, nous devons d’abord diagnostiquer le problème qui a empêché le peuple Algérien d’agir, d’influer et/ou de peser sur le cours politique du pays. Je pense qu’il y a une méfiance, voire une véritable défiance d’une énorme proportion du peuple envers tous les acteurs politiques, tous les partis politique, et tous les mécanismes politiques traditionnels. Personne ne croit plus en une quelconque idéologie, en un parti politique, en un acteur politique, ni dans les institutions démocratiques traditionnelles que l’on retrouve dans chaque république. En peu de mots, l’Algérien ne croit plus en l’État. Et l’État n’a rien fait pour inciter les citoyens de croire en ses institutions.

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Je pense que pour réconcilier le peuple avec la politique, nous devons et nous avons besoin de repenser la politique en Algérie. En profondeur! Nous devons réinventer une nouvelle façon, une nouvelle méthode et manière de faire de la politique. Et cette nouvelle méthode doit être complètement dissociée de tous les mécanismes de politiques traditionnels comme les partis politiques complètement discrédités, dissociés de la politique électorale, et sans aucune relation avec une quelconque idéologie. Une politique qui est née d’une société civile dynamique et qui est nourrie par elle. Cependant, le problème en Algérie est l’absence totale d’une société civile, et pour réinventer la politique et la citoyenneté en Algérie, il faut réinventer la société civile (nous reviendrons sur ce  dernier point plus tard)

Toutes les idéologies en Algérie, de la plus modérée à la plus radicale à travers tout le spectre politique, ont fait faillite. Les Islamistes, tout comme les nationalistes, les socialistes, et les libéraux n’ont plus de crédibilité auprès du peuple. Ils ne parlent qu’entre eux et pour eux-mêmes, et ne produisent plus de discours politique cohérent à destination d’un quelconque public. Ceux qui sont encore investis, d’une façon ou d’une autre, dans le processus de politique partisane sont juste les clients du régime. Et tous les partis politiques représentant ces idéologies ne représentent plus que leurs propres personnes, et non plus le peuple.

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Ce que j’observe, et ce qui nous interpelle, est que le peuple en Algérie a soif d’actions concrètes prises pour résoudre des problèmes concrets. Des actions concrètes conduisant à des résultats tangibles. Il y a donc un grand besoin de réinventer la politique en Algérie en réinventant la société civile- – une sorte de politique «réelle», ou du « réalisme politique » qui doit être apolitique dans le sens traditionnel, non-idéologique dans le sense le plus large, et au-delà du processus électoral. Et pour être en mesure d’atteindre cet objectif, le processus politique et la politique elle-même en Algérie doivent être complètement décentralisées. Ce processus de décentralisation doit aller aussi loin que le niveau de nos quartiers.

Des associations de quartiers doivent être créés organiquement pour faire face aux problèmes quotidiens et réels tels que le nettoyage des rues et des quartiers, la circulation, le parking, le recyclage des ordures, la sécurité, les écoles, les performances et les progrès scolaires, les commerces illicites, les prix abusifs, les problèmes environnementaux, la santé et les services sociaux, etc.

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Mais comment envisager ce rôle éminemment civique et social pour des associations de quartiers qui doivent donc faire face à tous ces problèmes que tous les habitants de chaque quartier en Algérie rencontrent au quotidien? Tout d’abord, s’imprégner de l’idée que ces problèmes ne sont pas d’ordre idéologique et/ou partisan. Par conséquent, toutes les idéologies et la politique partisane doivent rester en dehors de la présentation et la représentation des problèmes et des solutions. Ce sont des problèmes concrets qui ont besoin de solutions concrètes. Les associations de quartiers doivent interpeler leurs élus locaux et nationaux, maires et députés, conseillers municipaux, et leurs walis, pour attirer leur attention sur des problèmes réels, et leur proposer des solutions. Si les maires et les walis ne voient pas ou ne considèrent pas ces associations comme une menace politique, ils ne demanderont pas mieux que de travailler avec leurs électeurs et leurs administrés. En outre, même si les premières demandes n’apportent pas les résultats escomptés, ce processus doit être répété jusqu’à ce que les dirigeants de la daïra ou la ville apprennent à écouter leurs citoyens représentés par ces associations de quartiers. Ce processus est un processus d’apprentissage de la citoyenneté, une socialisation politique qui naît au niveau local. Et cette socialisation politique est l’épine dorsale d’une société civile efficace et que l’Algerie en a tant besoin.

L’étape suivante consiste à essayer de tricoter et de former un réseau (ou des réseaux) qui puisse rassembler les associations de quartiers portant ou traitant des mêmes problèmes. Ainsi, une coopération entre les associations de quartiers représentant les différentes parties et lotissements d’une ville émergeront et se formeront. Cela donnera une grande force à ces associations et à leurs doléances. Ce n’est que par ce processus qu’une société civile consciente des mécanismes efficaces de formulation de doléances et leurs représentations verra le jour et réapprendre ce que c’est de faire de la politique. Les Algériens apprendront, en marchant et progressivement, que la politique n’est pas seulement une rhétorique partisane et idéologique vide, mais un mécanisme par lequel de vraies solutions sont trouvées pour résoudre des problèmes réels.

Au fil du temps, un ou des leaders émergeront de ce processus et investiront le processus politique pour une représentation nationale. Ces dirigeants ne seront pas parachutés d’en haut, sans lien réel avec la vie des gens ordinaires. Ces leaders émergeront de nos quartiers, de nos villes, de nos wilayas. Ils porteront avec eux les problèmes réels qui confrontent le peuple quotidiennement. Bien sur, a ce moment la, ils choisiront leurs idéologies, mais cette idéologie sera modérée par le désir d’une représentation efficace qui englobe la plupart des habitants d’une circonscription. En outre, les habitants de la circonscription apprendront à fonctionner selon des mécanismes bien développés et rodés de formation et de représentation de leurs doléances. Ils apprendront à mettre la pression ou à brandir la menace électorale pour un effet bien précis.

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Une chose est sûre: nos problèmes sont très sérieux et il n’y aura pas de solution magique ou d’homme providentiel qui nous tomberait des cieux, apportant avec lui toutes les réponses et les solutions pour résoudre tous nos problèmes. Nos problèmes sont très sérieux et ils ne seront pas résolus par des pseudo-intellectuels philosophant théoriquement dans des salons de the loin du peuple et de leurs problèmes. En plus, le myth de la personne propre et honnête au-delà de l’imaginaire est juste une fable et une fantaisie pour enfants, pas une réalité. Donc, il est temps d’arrêter d’attendre le prophète Mohamed (saaws) ou ces compagnons. Ils ne reviendront pas. Et il faut aussi arrêter d’attendre que ce régime là change par magie. Il ne changera pas. En outre, il faut se résoudre à abandonner tout espoir que le système politique actuel puisse permettre de lui-même l’émergence d’une Algérie saine. Par conséquent, la réinvention de la politique en Algérie, comme je la vois, est une nécessite. Cela permettra d’apporter des solutions concrètes à des problèmes réels, et permettra l’avènement d’une société civile consciente et efficace qui est le fondement même de tout système républicain et démocratique.

Ce que je propose est difficile et Il faudra du temps pour le réaliser. Il y aura plein d’embûches, et le progrès sera très difficile à réaliser. Mais, je crois, que le résultat final en vaudra la peine.

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