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Archive for February, 2014

Algérie: Bouteflika, l’impossible candidature. Un probable désistement?!

February 26, 2014 2 comments

On y va, un peu de fiction/spéculation politique…

La façon et la manière avec lesquelles Bouteflika a annoncé sa candidature pour les élections présidentielles du 17 Avril ont soulevé plus de questions au sujet de la condition physique et mentale du président-sortant qu’elles n’ont apporté de réponses. Le peuple Algérien s’attendait et attend encore et toujours d’entendre et de voir le président, de le voir faire campagne, de serrer quelques mains, d’embrasser des bébés, et de faire un ou deux discours au cours d’un ou deux rallies de campagne. Bref de mener une campagne électorale normale même si elle doit être courte et minimale.

Toutefois, en raison de sa maladie et de son état de santé très dégradé,  Bouteflika se retrouve, pour toutes fins utiles, dans l’impossibilité de mener une campagne électorale normale. Il ne peut ni faire des apparitions à la télévision ou dans des meetings de campagne, il ne peut ni faire des discours préparés ou impromptus, et il ne peut se montrer à la nation sans révéler et sans montrer l’étendue et la gravité débilitante de sa condition.  En fait, le président est tellement affaibli et tellement invalide qu’il ne peut même pas répondre ou honorer normalement  le minimum de ses fonctions et prérogatives constitutionnelles.

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Et c’est ici que ceux qui ont poussé et ont précipité l’annonce de la candidature de Bouteflika ont fait une erreur de calcul grave — ou peut-être, ils ont fait un calcul Machiavélique et un dangereux pacte Faustien.

Maintenant, qu’elle est la sortie de ce gambit clairement précipité?

C’est dans ces quelques lignes du code électoral (voir ci-dessous) que réside la sortie de Bouteflika de la campagne électorale pour les élections présidentielles, et la résolution du gambit que ses gestionnaires ont prévu et planifié.

Code Electoral- Article 141 : Le retrait du candidat n’est ni accepté ni pris en compte après le dépôt des
candidatures.

En cas de décès ou d’empêchement, un nouveau délai est ouvert pour le dépôt d’une nouvelle candidature; ce délai ne peut excéder le mois précédant la date du scrutin ou quinze (15) jours dans le cas visé par l’article 88 de la Constitution.

En cas de décès ou d’empêchement légal d’un candidat après la publication de la liste des candidats au Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, la date du scrutin est reportée pour une durée maximale de quinze (15) jours.”

Pour sortir Bouteflika de cette campagne et pour conjurer la vague de mécontentement qui  s’est emparée des médias et réseaux sociaux depuis que Sellal a annoncé il y a trois jours la candidature du président-sortant, l’Article 141 du code électoral offre aux manouvriers machiavéliques du clan présidentiel une manœuvre non seulement patriotique et noble, mais surtout élégante, habile et particulièrement surnoise.

Cette candidature de Bouteflika qui est impossible à honorer, à assumer et à remplir ne va pas aboutir. Elle n’ira pas jusqu’au bout, pas parce qu’un sentiment de magnanimité s’est emparé du clan présidentiel, mais parce que la réalisation de l’impossibilité de cette mission suicidaire est doucement et lentement en train de s’infiltrer dans leur raisonnement.

Donc, après le 3 Mars—date de la fermeture du processus du dépôt des candidatures—le clan présidentiel annoncera que Bouteflika va se désister et va retirer sa candidature en raison de problèmes de santé et que sa condition physique ne lui permet pas de conduire une campagne normale. Et c’est la mort dans l’âme que le président-sortant lira à la télé son désistement et évoquera que son « noble cœur saignant d’un patriotisme invétéré pour son pays et que l’amour qu’il a pour l’Algérie l’ont forcé à arriver à cette conclusion déchirante. » Et du même coup, le président-sortant désignera, nommera et choisira son dauphin, celui qui va remplacer sa candidature. En faisant cela, le clan de Bouteflika fera d’une pierre deux coups : un désistement aux apparences nobles et patriotiques, une sorte d’ultime sacrifice pour la nation dans la tradition de Larbi Ben H’midi (hachakoum);  et la désignation de celui qui le remplacera et qui va veiller à protéger les intérêts du clan de Bouteflika bien après la mort de ce dernier.

Bien sûr, celui qui remplacera Bouteflika héritera de sa machine électorale et sera alors plus que probable le prochain président de l’Algérie.  Cette manœuvre machiavélique a l’avantage de couper court à toutes les manifestations et à tous les mouvements sociaux contre la 4eme candidature de Bouteflika, et à apparemment normaliser  une situation qui ne peut être normalisée par des manœuvres plus que futiles et des mouvements stratégiques plus que diaboliques.

C’est pourquoi le mouvement pour organiser le boycott des élections présidentielles du 17 Avril est plus que jamais nécessaire (voir mes précédents billets sur ce sujet ici et )

Algérie: Le 4éme mandat, un mal pour un bien si…

February 24, 2014 6 comments

L’idée du boycott ne doit pas être limitée uniquement a boycotter des élections du 17 Avril pour simplement les boycotter sans lendemain (cliquer ici pour lire le billet précédent sur les arguments en faveur du boycott). Le boycott est une occasion à saisir pour rassembler ce qui reste de forces vives dans le pays, les organiser autour du thème du boycott pour avancer l’agenda réel, l’agenda le plus important qui est celui du changement politique. Ce 4éme mandat de Bouteflika est et pourrait être un mal pour un bien, et on peut et on a la possibilité de tourner ce mal en bien. Mais Il faut saisir cet occasion qui est offerte à nous pour rassembler les Algériens autour du thème du boycott, et qu’on fasse une campagne active et réelle pour que le boycott soit une réussite—on doit faire campagne pour boycotter les élections comme si on faisait campagne pour être élu. Mais l’agenda réel est et reste le changement du système et le changement politique.

Pour ceux qui disent: «Mais ils vont tricher.” Je dis, ce n’est pas grave. Au contraire, nous voulons qu’ils trichent, nous voulons qu’ils s’engagent dans la fraude électorale. Cela ne ferait qu’accroître l’argument moral qui devrait souligner le mouvement de boycott et le mouvement du changement politique.

Pourquoi je parle du boycott comme une occasion, une aubaine à saisir, comme un mal pour un bien ? C’est très simple. Les Algériens ont peur et ils sont perdus. Ils ne savent même plus ce qui est réel et ce qui est faux parce que la vie politique qui est devant eux est fictive — les journaux et les journalistes travaillent et sont contrôlés par le système. La radio et la télévision contrôlées par le système. Les partis politiques et la plupart des politiciens sont des créations du système. Les syndicats et les associations, la même chose. Rien de ce qui entoure le peuple Algérien est réel ou une expression indubitable de leurs désirs, leurs angoisses et leurs inquiétudes politiques.  Tous les moyens pour une expression politique authentique sont contrôlés par le système ou sont une création de ce dernier. En outre, la seule expression politique qui est autorisée et qui est encouragée par notre pouvoir est la violence. Ce pouvoir encourage la violence afin de contrôler la société, afin de contrôler le message politique, afin de discréditer la vie politique et de noyer les quelques politiciens authentiques et honnêtes qui restent ainsi que le peuple dans une sorte de psychose dont le seul objectif est la préservation du système et l’immunisation du peuple contre tous les mouvements qui militent pour le changement. La conséquence de cet environnement de psychose et de violence est que le peuple Algérien est cynique, incrédule, dubitatif, méfiant de ses politiciens et de la politique, et a peur de sortir et de protester et d’exprimer son opinion. Car pour les Algériens le changement est synonyme de violence, de chaos, et d’anarchie. En qui et en quoi peut-on faire confiance, demande le peuple? Personne répond le peuple.

La question est: comment pouvons-nous briser le cycle de la peur, de la psychose et du cynisme? La seule façon est à travers l’organisation, et la création d’organisations qui ont pignon sur rue. Nous devons construire des organisations qui donnent au et articulent la parole du peuple, qui minimisent la probabilité de la violence, qui déchirent le voile du cynisme, et qui agissent comme un tampon entre le peuple et le système.  Il ne suffit pas d’avoir une plateforme bien rédigée comme celle du Front du Changement National (FCN), et je n’ai rien contre le FCN. Mais si les plateformes étaient les seuls outils nécessaires pour articuler et provoquer le changement, nous aurions déjà vu leur succès dans d’autres pays. Les plateformes, aussi magnifiques et louables qu’elles soient, ne sont que de l’encre sur du papier. Sans organisation, il n’y a pas de changement. Sans un message clair autour duquel le peuple peut coalescer, il n’y a pas de changement. Et sans les organisations qui propagent ce message pour que le peuple puisse l’entendre et le comprendre même à travers l’énorme brouhaha et vacarme produits par le système, il n’y a pas de changement.

Bâtir et lancer un mouvement pour le boycott est bâtir la structure organisationnelle du changement. Non seulement ce mouvement peut vaincre et battre la narrative du système le jour du scrutin le 17 Avril et coupe à travers le bruit ambiant, mais il peut fournir également l’argument moral et la base organisationnelle sur et par laquelle la bataille pour le changement peut être menée.

Mais nous devons être sérieux. Nous devons travailler dur pour que ce mouvement pour le boycott soit une réussite. Nous devons construire l’organisation qui mobilise les électeurs à rester chez eux et à déserter les rues le jour du scrutin. Une sorte de Janvier 1960 bis. Ensuite, nous utilisons le succès du boycott pour pousser l’ordre du jour le plus important qui est le changement. A ce moment là, nous serons engagés face à face avec les représentants, les structures, les institutions, et les organisations du pouvoir dans un bras de fer intense ; et sans avoir les bases et les structures organisationnelles solides qui supportent et offrent un soutien inconditionnel nécessaire pour la victoire finale, le système vaincra et perdurera encore pour quelques années jusqu’à son effondrement éventuel de causes naturelles. Ce jour-là, non seulement le changement nous sera dicté, il prendra également la forme de réformes drastiques imposées directement sur ​​nous. Et vous savez quoi? Nous ne serons pas en mesure de dire non parce que nous n’aurons plus le luxe de pouvoir dire non.

Algérie: Les arguments en faveur d’un boycott des élections présidentielles du 17 Avril

February 23, 2014 6 comments

Ce matin, nous avons appris que Bouteflika a annoncé officiellement sa candidature à la présidence de l’Algérie. Plus convenablement et correctement, son Premier Ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé samedi  à Oran la candidature du président de la République Bouteflika à l’élection  présidentielle du 17 avril prochain. Alors, qu’est-ce qui peut être fait, ou plus concrètement que peut-on faire face à cette candidature sachant que l’Algérie ne peut se permettre un autre terme d’un président qui n’est même pas capable d’annoncer sa propre candidature? En un mot: Le Boycott total et massif  des élections présidentielles du 17 Avril. Ce boycott est d’une nécessité absolue. Dans ce billet, je présente les arguments en faveur du boycott.

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1 – En ce moment, quel est vraiment l’argument contre la 4ème candidature de Bouteflika? Logiquement, et au-delà de nos sentiments personnels envers Bouteflika et au-delà du fait que sa présidence a été un échec total, le seul argument contre sa candidature est sa maladie, et qu’il est malade. C’est l’unique argument. Mais Bouteflika peut toujours présenter un dossier médical attestant qu’il est à la hauteur de ses fonctions, et qu’il est apte a faire son travail. Et il peut toujours trouver un moyen de faire quelques discours de campagne électorale. Une courte campagne avec quelques rassemblements électoraux qui sont bien mis en scène n’est pas quelque chose d’impossible à faire. Cela donnera l’impression qu’il est capable de mener une campagne plus au moins normale, et donc une présidence normale

2 – Y a-t-il un argument constitutionnel contre sa candidature pour un 4ème mandat ? Non, pas vraiment. Constitutionnellement, il peut briguer un autre terme et il peut être président pour une quatrième fois surtout s’il a une autorisation médicale.

3 – Alors, vous dites, pourquoi donc boycotter l’élection présidentielle? Qu’est ce que cela va faire changer? Ou qu’est ce que cela va apporter concrètement? Et je dis si le boycott est bien organisé et s’il est massif, et que les rues sont vides le jour du scrutin, et que les bureaux de vote sont vides le jour du scrutin, le peuple Algérien va forcer ce gouvernement à tricher, à frauder. Et c’est exactement ce que nous voulons. Nous voulons qu’ils trichent. Nous voulons qu’ils truquent les résultats des élections afin d’avoir un grief réel, un argument solide et légal contre eux afin d’agir, afin d’organiser des marches, afin de protester ce pouvoir, et de forcer le changement. La fraude donnera au peuple Algérien non seulement l’argument moral et la base pour un mouvement protestataire, mais elle lui donnera aussi l’argument juridique et legal.

4 – Si le peuple commence à protester maintenant, et a se précipité dans la rue, je pense que ça ne marchera pas. Pourquoi ? Parce que ce gouvernement avec son appareil de sécurité et son vaste réseau de clients vont utiliser cela comme une occasion pour dire que le peuple Algérien, ceux qui sont dans la rue en train de protester la candidature de Bouteflika n’ont pas un réel argument juridique ou même politique à présenter. Ils diront, “Mais vous avez le choix entre les candidats, allez-y, vous pouvez voter pour un autre candidat, vous pouvez même voter contre Bouteflika. Personne ne vous force a voter pour lui! Pourquoi donc êtes-vous dans la rue? Si vous êtes dans la rue c’est que vous devez travailler pour une force étrangère, et que vous voulez déstabiliser le pays” etc., et on connait tous la chansonette de cette fameuse main étrangère. Cela serait leur contre-argument, et il est solide.

5-Le mouvement pour le boycott des élections du 17 Avril permet d’avoir ou de construire une structure organisationnelle et de la mettre en place pour mobiliser le peuple Algérien. Ceci est extremement important parce qu’il n’y pas un mouvement protestataire qui a abouti a un résultat solide et concret qui a été complètement ad hoc ou spontané et sans organisation. Le boycott permet aussi aux leaders de faire campagne pour boycott et la faire activement, avec l’organisation de rassemblements pour réveiller la conscience politique des Algeriens. En plus, il permet de mettre une commission d’observation des élections en place et d’inviter les organisations internationales à observer les élections. Et surtout, il permet également aux partisans du boycott et du “contre un 4e mandat” de connaître leur force, de connaitre combien de personnes  sont vraiment contre un 4e mandat et contre Bouteflika et contre ce système, et pour ou veulent le changement. Le taux de participation s’il est extrêmement faible permettra aux dirigeants du boycott et au peuple de dire «Vous voyez, la majorité du peuple est contre vous, et votre politique. Et on a le nombre pour le prouver.” Ensuite, ces dirigeants avec la légitimité dérivée de la réussite du mouvement de boycott peuvent organiser des rassemblements et un mouvement protestataire ayant pour but de provoquer le changement politique tout en sachant que la majorité du peuple les supporte. .

6- On sait tous que le gouvernement veut et adore avoir l’approbation internationale et la bénédiction de la communauté internationale plus que toute autre chose. Si le boycott fonctionne et est massif, et lmouvement de protestation qui suit est pacifique, on va forcer la main de la communauté internationale de ne pas prendre parti pour Bouteflika, de ne pas bénir son réélection ou son gouvernement, et de ne pas reconnaître les résultats. Tout cela pourrait être le résultat d’un boycott bien organisé des élections présidentielles. Si cela se produirait, vous verriez comment les fondations même de government et de système trembleraient jusqu’à leur effondrement.

Voila, C’est tout ce que j’ai à dire à ceux qui me posent des questions sur le bien-fondé d’un boycott. Je suis peut-être correcte dans mon raisonement comme je peux aussi avoir tort. Le peuple algérien a suffisamment de temps pour organiser un mouvement de boycott bien orchestré. Et comme Mahatma Gandhi disait “qu’un ‘non’ prononcé avec la conviction la plus profonde est meilleur qu’un ‘oui’ prononcé simplement pour faire plaisir, ou pire, pour éviter les ennuis” (“A ‘no’ uttered from the deepest conviction is better than a ‘yes’ merely uttered to please, or worse, to avoid trouble.”). Ce que Gandhi avait dit était vrai alors et est encore plus vrai aujourd’hui. Dans l’avenir le plus immédiat, il y aura beaucoup de troubles en Algérie, et le peuple Algérien ne peut les éviter pour toujours en faisant l’autruche. Tôt ou tard, ce peuple devra faire face et accepter sa responsabilité. Même les mouvements protestataires les plus pacifiques générent la violence et provoquent la répression. Le plus tôt les Algériens embrassent ce fait, le mieux ils peuvent s’organiser pour minimiser et contrôler la réaction de la rue.

L’annonce de la honte

This is YOU!

February 21, 2014 2 comments

This is you folks for the last 7 months. So thank you very much and keep on visiting, reading, and …

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That’s 171 countries in all! Most visitors came from France, Algeria, Egypt, The United States, & Canada was not far behind. This blog was viewed about close to 26,000 times since July 2013. If it were a concert at Sydney Opera House, which holds 2700 seats, it would take about close to 10 sold-out performances for that many people to see it.

Since July 2013, there were 35 new posts, growing the total archive of this blog to 155 posts, and 223 pictures uploaded, taking up a total of 57 MB. Of course, i deleted and/or retired some of these photo-essays because of some of the feedback i received from you folks.

By far, the busiest day since July 2013 was August 10th with 7,587 views, most of them from Egypt.  The most popular post that day, quite appropriately, was titled Egypt: Update on the situation: The First “Friday Bloody Friday”.

These are the posts that got the most views since July 2013.

Some of the most popular posts were written before July 2013 and have remained quite popular, which tells me that some of my writing has struck a chord with the readers or has some staying power! Posts like “L’horrible Vérité du Terrorisme en Algérie: Le terrorisme qui fait les affaires de l’Etat (En Francais)” or “La crise financière de la zone euro: Est-ce que l’Euro est une monnaie viable?” or “Malek Bennabi sur la crise de civilisation du monde Arabo-Musulman” have remained popular, and i am hoping to revisit again some of the same subjects in the near future.

Oh before i wrap it up, i thank everyone who has visited the blog and who has left a comment, and the most active among you have been  Algerianna, ilfdinar, Menna Ali, John Russel, Chatnoir, Benchanouf, Karl Marxitians, Jessica Harlem just to cite a few.

Algérie: Là où Mouloud Hamrouche s’est gravement trompé

February 18, 2014 4 comments

Mouloud Hamrouche dans son article publié aujourd’hui dans La Nation et TSA pose la question suivante: “Faut-il rappeler ici et maintenant que la renaissance de notre identité algérienne et notre projet national ont été cristallisés, abrités et défendus successivement, par l’Armée de Libération Nationale, puis, l’Armée Nationale Populaire ?” Et la réponse est un non catégorique. Tout d’abord en laissant la question de l’identité Algérienne de côté, la conception de l’Etat Algérien n’est pas né avec l’ALN. Ceci est un mensonge qui a été répété sans cesse depuis 1962 pour déformer notre histoire et pour légitimer Boumediene et son régime illégal.

Le concept de l’Etat Algerien remonte à Messali Hadj lorsqu’il a appelé à l’indépendance de l’Algérie de la France vers la mi-1930. Ensuite, ce projet a été avancé et renforcé par le MTLD, le PPA et puis le GPRA dont la conception a toujours été un état civil Algérien. Non seulement l’ALN (plus précisément, l’armée des frontières) a volé et a détourné ce project, mais elle l’a aussi militarisé.
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Deuxièmement, aussi longtemps que nous lions, associons, et juxtaposons la naissance de l’Etat Algérien à l’armée, nous n’aurons pas un état civil et nous serons jamais une démocratie ou un état de droit. Cet état civil sera toujours miné et minimisé par l’armée, et sera toujours en manque de légitimité. Par conséquent, il est crucial d’avoir une lecture correcte de l’histoire, et de divorcer l’émergence de l’Etat Algérien de l’armée. Oui, l’armée/ALN a contribué à notre indépendance – comme tout autre militaire dans le monde – mais elle n’est pas l’unique titulaire ou dépositaire de la légitimité historique et la légitimité nationale de l’Etat Algérien, ni ne doit-elle être le garant de sa force et sa puissance. Il est plus que temps de démilitariser et de de-Boumedieniser l’Etat Algérien sinon nous serons toujours confrontés au même problème.

Hamrouche aurait du dire que les militaires doivent comprendre une fois pour toute qu’ils ont un seul rôle: ils restent dans les casernes et veillent sur les frontières. Quand le pays est attaqué, on leur fera appel. Au-delà de ce rôle très spécifique, ils n’ont rien à dire et ils n’ont aucune prérogative ou privilège dans la politique d’un Etat civil. Mais il n’a pas dit cela. Donc, n’importe quel projet politique que Hamrouche semble en train de colporter sera un projet qui continuera le cauchemar Algérien, qui continuera la militarisation de l’Etat Algérien, qui continuera l’état de non-droit, qui continuera la corruption institutionnalisée, qui continuera le clientélisme et le patronage. Mais avec un vernis plus brillant pour faire avaler son projet  à un peuple déjà trop fatigué pour réfléchir à une sortie de son charlatanism quotidien.

Algérie: Le conflit Bouteflika-Toufik: l’avenir de l’Algérie se joue sans les Algériens

February 9, 2014 3 comments

Ceci est mon humble point de vue sur ce qui se passe en Algérie ces jours/semaines ci. On commence d’abord par quelques faits, et puis après, on verra où on est.

Mais laissez-moi d’abord poser une question: ce conflit Bouteflika-Toufik, est-il un conflit réel et sérieux entre deux clans? Si c’est oui, alors pourquoi les deux clans ne se sont pas totalement engagés dedans? Pourquoi ils se battent a coup de proxies? Pourquoi ça à l’air d’un conflit à fleurets mouchetés? Et finalement, comment se fait-il que système de pouvoir Algérien dont l’armée est son cœur battant et dont le DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité) est sa création est en conflit avec lui-même? Donc, si c’est un conflit sérieux entre deux clans, et ces clans ont assez de munitions pour se détruire les uns les autres, et ils ne le font pas, peut-on vraiment appeler cela un conflit ou une lutte au sommet du pouvoir et de l’état entre des clans? Ou peut-être que nous devrions l’appeler autrement, comme une restructuration des priorités, une réorganisation de tâches et de rôles, ou même un réaménagement des fonctions à tête de l’armée. Je reviendrai prochainement dans un aute billet pour expliquer plus en détails ce point.

Mais pour l’instant, supposons qu’il y a un conflit entre Bouteflika et Toufik, alors quels sont les faits que nous connaissons à coup sûr?

Fait numéro 1: Nous œuvrons tous avec très peu d’informations solides qui sont corroborées par d’autres sources. En d’autres termes, nous sommes tous en train de spéculer, et par tous je veux dire : journalistes, politiciens de tout bord, et tout le monde sur facebook et la blogosphère. Ceci est un fait indiscutable.  Ceux qui savent ce qui se passe vraiment ne sont pas en train de parler.  Par conséquent, un petit conseil, il faut que tout le monde se calme un peu, et il faut baisser la rhétorique d’un cran.

Fait numéro 2: Il semble qu’il y ait un conflit entre Toufik et Bouteflika, et ce conflit est mené par procurations. En d’autres termes, c’est un  conflit par procuration—i.e., a proxy war–puisque les deux protagonistes n’ont pas parlé ou ont commenté la situation jusqu’à présent.

Fait numéro 3 : La nature de ce conflit: le pouvoir. C’est aussi simple que cela. Ce n’est certainement pas un conflit portant sur la caractéristique ou la nature civile du gouvernement ou de l’état. Ou sur la hiérarchie du civil sur le militaire. Depuis notre indépendance, il y a toujours eu une coalition à la tête de notre État entre les pseudo-civils et les militaires. Cet équilibre délicat a basculé comme un pendule d’un côté à l’autre depuis 1962 favorisant des fois et pour de courtes périodes un acteur de la coalition sur l’autre. Mais comme toujours  le pendule a tendance à se stabiliser par la pesanteur, et les membres de la coalition se souviennent qu’ils ont de nombreux intérêts en commun qui les unissent pour rester au pouvoir.

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Tels sont les faits. Au-delà de ces quelques points mentionnés ci-dessus, il n’y a que de la spéculation.  Personne parmi ceux qui sont dans le secret des dieux n’est en train de parler. Par conséquent, je pense qu’il est prudent d’attendre et de voir où cette chose va évoluer. À mon avis, ce conflit va se calmer et les deux parties trouveront un moyen pour s’entendre et pour préserver et défendre les intérêts qu’ils ont en communs. Ce conflit entre Toufik et Bouteflika n’est certainement pas un jeu à somme-nulle (d’ailleurs comme tous les conflits à la tête de l’État en Algérie). Ce conflit est un jeu à somme positive à partir duquel les deux parties vont trouver un terrain d’entente et un moyen pour maintenir un certain équilibre et même maximiser leurs intérêts.

Certes, il y a une variable qui est présente dans ce conflit qui complique sa résolution un peu. Et cette variable est que le réseau de patronage qui avant Bouteflika était limité un peu a augmenté à un niveau insoutenable sous sa présidence au cours des ces 14 dernières années. Ce réseau de patronage a tissé à travers le pays un système clientéliste graissé et entretenu par de vastes sommes d’argent provenant d’un système institutionnalisé de corruption a atteint un point de rupture.  Parce que au cours des 14 dernières années, notre PIB et les recettes de l’État ont augmenté (uniquement et principalement en raison de la rente pétrolière), ce système clientéliste a augmenté aussi ce qui est un phénomène normal dans tous les états kleptocrates. Cela signifie que de plus en plus d’argent dérivé d’une corruption institutionnalisée est nécessaire pour nourrir et maintenir ce réseau de patronage. Ceci est le vrai avantage que Bouteflika a dans ce conflit avec Toufik – c’est à dire, qu’il dispose d’un grand réseau de clients fidèles à lui et dont leurs moyens de subsistance est strictement dépendant de lui. Ce sont ceux que nous voyons défendre Bouteflika à longueur de journée à la télé, dans les journaux et la blogosphère, et dont Amar Saidani n’est que la partie visible de l’iceberg. Cela dit, général Toufik, a également construit un solide réseau de clients à l’intérieur de la bureaucratie et la société civile au fil des ans en tant que dirigeant de la DRS. Mais il semble que son réseau a été affaibli ces derniers temps, même si on ne connaît pas encore l’étendue de cet affaiblissement.

En conclusion, il reste à savoir le résultat de ce conflit et la nouvelle coalition ou sa structure et sa composition qui pourrait surgir en raison de ce conflit. Ici, on peut spéculer sur de nombreux scénarios : 1) La victoire totale de Bouteflika et son clan ; 2) La victoire totale de Toufik et son clan ; Ou 3) un équilibre différent à l’intérieur de la coalition entre les militaires et les pseudo-civils à la tête de l’État Algérien sans Bouteflika et sans Toufik, mais avec de nouveaux acteurs aussi prétoriens et aussi prédateurs que Bouteflika et Toufik. Aucun de ces scénarios ne sera positif pour l’avenir de l’État Algérien et le peuple Algérien. Le troisième scénario représenterait le maintien du statu quo qui a été mis en place depuis 1962, une sorte de réarrangement des chaises sur le pont d’un navire en perdition qui est en train de couler doucement devant nos yeux.

Vous pourriez vous poser la question: qu’en est-il des prochaines élections présidentielles? Vont-elles changer ou influencer le cours de l’avenir du pays?? Et malheureusement je dois dire que le résultat des prochaines élections présidentielles ne fera que confirmer et consolider le résultat du conflit entre Bouteflika et Toufik. Quel que soit le scénario ou le résultat de ce conflit, il sera confirmé par les prochaines élections.