Autopsie de la crise Algérienne: le cœur du problème

Pour comprendre ce qui se passe en Algérie aujourd’hui, il ne faut pas se concentrer sur le théâtre politique qui entoure la candidature de Bouteflika pour un 4e mandat. Non, il ne s’agit pas de Saadani ou de ses attaques sur Général Toufik ou du frère du président, Saïd. Les observateurs et analystes politiques qui limitent le problème de l’Algérie à seulement une crise liée à des personnalités politiques et militaires et à un président vieillissant qui essaie désespérément de s’accrocher à son siège se méprennent gravement de la nature du problème algérien. Ils se concentrent sur les symptômes au lieu de la pathologie de la maladie. Il faut aller au-delà de cette analyse superficielle et ces théâtralités. En fait, il faut aller à la genèse de l’État algérien post-1962 pour comprendre le cœur du problème et ce qui se passe de nos jours en 2014. En bref, le noyau de la crise algérienne est que le pacte politique qui a donné naissance à l’État algérien n’est plus viable. Ce pacte ou contrat n’est plus en mesure de s’adapter aux différents acteurs et de gérer la concurrence entre eux dans son cadre original tel qu’il avait été conçu et conclu en 1962. En conséquence, les mécanismes structurels et institutionnels du régime sont enrayés. La structure de base de la gouvernance en Algérie est coincée dans un marasme politique, et elle ne peut plus fournir des réponses et des solutions adéquates à la crise politique actuelle à laquelle le pays fait face. La seule solution à cette crise est une refonte complète de la façon dont le pouvoir est conçu, structuré, compris, géré, et exercé. En d’autres termes, il s’agit d’une « re-conceptualisation » de l’état Algérie en tant qu’entité politique. Sans une telle révision, cette crise peut être cosmétiquement et temporairement gérée, mais elle ne serait pas définitivement résolue, et l’Algérie serait confrontée à nouveau au même problème dans un avenir proche.

La genèse de l’État algérien en 1962 a été le résultat d’un pacte faustien et à son cœur était l’armée comme seul acteur. Le pacte originel a exclu le peuple algérien complètement de l’équation. Ce pacte à travers lequel la société algérienne devait être organisée, a été mis en place et investi du droit d’assurer la protection et le bien-être commun et de réglementer les relations entre ses membres et ses groupes. Ce pacte était la création de l’armée par l’armée et pour l’armée. Ce pacte était le résultat de militaires négociant avec d’autres militaires pour établir un état militaire. Dans sa création originelle, l’État algérien basé sur ce pacte n’avait pas besoin du peuple pour tirer ou asseoir sa légitimité parce que sa légitimité était révolutionnaire avec un caractère sacré, d’un ordre presque divin, et qui ne devait pas être remise en cause par le peuple.

La revendication de cette légitimité révolutionnaire (les rebondissements autour de la lutte entre le GPRA et l’ EMG nonobstant), a permis à l’armée de capturer l’état et de se doter d’une façade civile composée d’une bureaucratie, et d’une aile politique composée d’un parti politique unique. Le but était que l’armée détienne les clés de l’État, tandis que la bureaucratie et le parti unique géraient les affaires du pays au jour le jour. Ce qui manquait dans ce pacte initial était le peuple algérien. Et depuis que ce pacte faustien a vu le jour et a donné naissance au premier état d’une  Algérie libre, le peuple a toujours essayé d’obtenir un siège à la table, ou de renégocier ce pacte initial.

Et au fil des années, l’état algérien s’est efforcé d’acquérir tous les attributs et les accoutrements d’un état normal civil au service des algériens, mais sans leurs contributions. Les rôles principaux de la bureaucratie et du parti unique étaient d’interagir avec le peuple algérien afin de protéger les militaires de toute réaction populaire. Cet arrangement a fonctionné en grande partie sans accroc grave principalement grâce aux petits réajustements et aux corrections astucieuses que l’armée a apportés à chaque fois que l’état a rencontré une petite entrave.  De Ben Bella à Boumediene, de Chadli  jusqu’à Bouteflika, le pacte originel a survécu par des réajustements de priorités, par son adaptation à de nouvelles situations et de crises, mais sans jamais fondamentalement changer ses principes, ses structures, et sa doctrine fondatrice.

La seule chose qu’un état doit avoir pour asseoir ou tirer sa légitimité, est le consentement du peuple à travers l’expression de sa volonté. Et si nous sommes d’accord avec cela, nous devons arriver à la conclusion que l’armée est simplement une autre institution de l’exécutif chargée de la défense du pays et doit être dépourvue de toutes autres prérogatives ou rôles. Par conséquent, le militaire ne représente pas l’État, et l’État n’a pas besoin du militaire pour exister. Tout ce qu’un État a besoin est le peuple. Pour paraphraser Abraham Lincoln, un état qui est issu «du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne périra pas de la terre. »  Cela représente une renégociation fondamentale et radicalement complète du pacte social qui a organisé la société algérienne depuis 1962. Cette renégociation du pacte originel devrait donner logiquement lieu à un nouvel état algérien et à une nouvelle république dans laquelle le militaire n’est qu’un appendice.

Oui, nous pouvons nous perdre dans les envolées lyriques autour de Bouteflika et son 4e mandat, et le rôle du général Toufik et sa police secrète, mais la vraie lutte qui sévit et assaille Algérie depuis 1962 tourne autour d’une question relativement simple, celle de la renégociation du pacte d’originel. Par le passé, l’armée était en mesure de traiter de ces questions par le biais de petites corrections de course, par la coercition pure et brutale, ou par la corruption et le clientélisme. Elle a réussi en 1988 à violemment arrêter un soulèvement populaire. Entre 1988 et 1992, l’armée avait accepté une sorte de transition démocratique, qui ne menace pas son emprise sur le pouvoir et n’interroge pas son monopole sur la légitimité de l’état et la légitimité révolutionnaire. Cette expérience n’a pas réussi et l’armée est intervenue violemment encore une fois en 1992  pour mettre un terme à cette expérience en menant une guerre pour préserver son rôle, sa position et sa légitimité. L’arrivée de Bouteflika en 1999 a donné un répit bien nécessaire à l’armée, mais le régime de Bouteflika a établi une chose que l’armée n’attendait peut être pas. Bouteflika a étouffé et contrôlé la vie politique à travers la promotion d’un niveau inégalé de corruption et de clientélisme. Pour toutes fins utiles, Bouteflika a créé une classe de clients fidèles avec de profonds intérêts et liens financiers dont leurs survies dépend uniquement de son maintien au pouvoir. De plus, Bouteflika, pour rester au pouvoir, est devenu avec son entourage un allié vital de l’armée. A la fin de son 3ème mandat, la question que certains militaires de haut rang se posent est : Qui est le prochain ? Y a t-il quelqu’un de confiance pour être le visage civil d’un état militaire? Telles sont les questions fondamentales au cœur du débat et la lutte qui a eu lieu pendant toute l’année dernière. Connaissant la gravité de sa maladie et son handicap, l’armée ne semble pas trop avoir l’envie de parier sur un autre mandat de Bouteflika. Si l’armée parierait sur Bouteflika, sa candidature provoquerait une agitation populaire et une crise éventuelle, le pacte initial qui a donné naissance à l’État algérien serait au centre des débats qui suivraient ce soulèvement hypothétique. L’armée craint que la renégociation du pacte de 1962 l’exclurait et arracherait d’entre ses mains le contrôle de l’État. Donc, à bien des égards, nous sommes toujours en prise avec la même question que nous n’avons pas traitée depuis 1962. La légitimité de l’état algérien devrait t-elle rester sur le consentement et la volonté du peuple? Ou devrait t-elle être dérivée de la légitimité révolutionnaire de l’armée? Si la réponse est du consentement populaire et de la volonté du peuple, le militaire serait exclu, et la notion de la légitimité révolutionnaire entrerait dans le domaine et le récit de la mémoire collective de la nation algérienne, et non pas le droit exclusif ou la propriété privée des militaires. Mais si la réponse est la légitimité révolutionnaire, alors l’état algérien restera un état militaire.

C’est là où Hamrouche a fait une terrible erreur lors de sa conférence de Jeudi quand il a affirmé que l’armée doit avoir un rôle actif pour trouver une solution à cette crise. Hamrouche dit:

« Il n’y a aucune chance d’instaurer un système démocratique sans l’aval de l’armée. Je ne demande pas un coup d’État. Je n’appelle pas l’armée à empêcher Bouteflika de se représenter. Je l’appelle à sauver l’Algérie de l’impasse » (TSA, Jeudi 27 Février).

Ce que Hamrouche dit en fait est qu’on ne doit pas renégocier le pacte faustien originel qui a donné naissance à un État militaire en 1962. Non seulement ce pacte doit rester, mais ce que l’Algérie a besoin est juste une petite correction ou un réajustement du style de 1965. Mais dans sa conception la plus simple et la plus intrinsèque, la démocratie est un état civil par excellence qui repose que sur la légitimité et la volonté du peuple. La démocratie dans sa conception la plus simple, le militaire est complètement exclu de la vie et des décisions politiques. La démocratie dans sa conception la plus simple, c’est le peuple qui délègue la responsabilité de l’entreprise des affaires de la nation à ses représentants qu’il choisit et renouvelle sur une base régulière. Dans cette interaction entre le citoyen et son représentant, il n’y a pas de place ou de rôle pour l’armée. Et donc, si nous voulons trouver une réponse et une solution permanente à la question posée depuis 1962 et qui est au cœur de la crise actuelle, l’armée doit être carrément exclue de toutes solutions. C’est parce que Hamrouche est l’enfant du pacte faustien originel de 1962, il ne peut concevoir un état dont le militaire n’est pas le garant de sa légitimité ni un acteur principal dans sa conception.

En conclusion, une chose est sûre: l’armée en Algérie va essayer de continuer à négocier un plus grand rôle pour elle-même, non pas comme une simple institution, mais comme l’épine dorsale autour de laquelle l’état est construit. L’armée continuera d’essayer de protéger le pacte originel de 1962 pour garantir et assurer son contrôle sur l’État. Mais comment? L’armée algérienne a essayé la coercition auparavant; elle a essayé d’utiliser et de manipuler le terrorisme auparavant; elle a essayé de recruter et de choisir ses propres candidats auparavant; elle a assassiné ses rivaux et elle a même assassiné ou est responsable de l’assassinat d’un de ses présidents. Comment donc le militaire va sortir de cette crise sans perdre son contrôle de l’État? Quelle nouvelle réorganisation de l’état va t’elle inventer? À mon avis, ce régime né en 1962 à travers un pacte faustien est à court de solutions viables et d’imagination. Tôt ou tard, l’armée devra faire face à deux options: 1) donner le contrôle de l’état au peuple pour qu’il puisse forger un autre pacte social sans l’apport ni la présence des militaires ; ou 2) intervenir avec force pour réaffirmer son pouvoir, sa souveraineté et sa légitimité une fois de plus. Il n’y a pas une 3e option pour l’armée algérienne, et il semble que l’état algérien avec toute sa classe politique souffre d’un manque endémique et même « alzheimerien » d’imagination ces mois-ci. Bientôt, on aura notre réponse.

  1. LES MILITAIRES FIERS DE L'ALGÉRIE LIBRE
    March 15, 2014 at 2:40 am

    NOUS, LES MILITAIRES FIERS DE L’ALGÉRIE LIBRE, NOUKSSIMOU BILLAH, que nous n’allons pas rester NEUTRE et laisser notre pays comme une proie FAIBLE ET FACILE pris en OTAGE par des dirigeants corrompus. Comme nos ancêtres l’ont fait CE JOUR GLORIEUX D’UN 1ER NOVEMBRE 1954, nous allons tous nous LEVER COMME UN SEUL HOMME pour défendre notre NATION, notre DRAPEAU, notre RELIGION, notre PEUPLE, notre HONNEUR et débarrasser notre pays de cette saleté.

    Vous entendrez BIENTÔT DE NOUS. Soyez prêt à défendre votre pays de la menace INTERNE ET EXTERNE.

    LES MILITAIRES FIERS DE L’ALGÉRIE LIBRE

  2. تحيا ألجزأئر
    March 2, 2014 at 4:40 pm

    لآ أنتم بطاهر بل أنتم بخامج. تحيا ألجزأئرتحيا الجزائر حرة رجال ونساء…..وعقدنا العزم أن تـحيا الجـزائر…

  3. Kharifi
    March 2, 2014 at 4:29 pm

    أد كنت راجل يا وحد لومو أخرج معيا دبزا دبزا…صهيوني كلب

  4. abbas
    March 2, 2014 at 4:20 pm

    tu travailles pour qui? elmakhzine ya maroci kelb. tu oses attaque l’armee ta3 roujala ya kerfa. rouh tmosse &%^ moh 6 ya maroci kelb

  5. Fort3leke
    March 2, 2014 at 4:17 pm

    les sionistes sont a l’attaque…ya tedi z&%$ ya harki

  6. djamel
    March 2, 2014 at 4:15 pm

    n&^ m*&^% al k^%#*&^

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